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Certification HVE : épauler collectivement les agriculteurs

Les agriculteurs sont tentés par la certification environnementale, mais bon nombre ne sont pas prêts à se lancer seul. C’est tout à fait le rôle d’une coop ou d’un négoce de les aider dans la démarche. Une approche collective, comme l’ont engagée les négociants impliqués dans Eco-Phyt’, permet d’aller plus vite et de motiver davantage les agriculteurs.

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La certification environnementale des exploitations avec ses trois niveaux, 1, 2 et HVE, Haute valeur environnementale, existe avec une demande individuelle depuis 2011. Mais il est aussi possible de conduire la démarche de manière collective depuis 2016. « C’est grâce à cela que la certification environnementale a pu se déployer, souligne Laurent Brault, de l’association HVE. Et on s’aperçoit que les coops et négoces ont toute la légitimité pour accompagner les agriculteurs, car la certification exige une forte technicité, et leurs conseillers sont bien placés pour apporter des conseils techniques adaptés aux exploitations et ciblent bien le sens de la performance économique des intrants. »

1Créer une dynamique de groupe

« Le premier avantage d’une démarche collective est de créer une dynamique de groupe, les agriculteurs sont davantage motivés », explique Pauline Morin-Vaesken, directrice adjointe du négoce Vaesken qui a accompagné la certification environnementale de plusieurs agriculteurs dans le cadre de l’association Eco-Phyt’. Lancée par le Groupe Carré, que trois autres négociants ont rejoint rapidement, Vaesken, Claye et les Ets Bernard en Rhône-Alpes, elle associe aussi 10 partenaires de filières autour de 150 agriculteurs impliqués dans la transition écologique et la HVE. « Sans une démarche collective, nous aurions eu beaucoup de mal à nous lancer », note Pierre Campion, de Pitgam (Nord), l’un des 23 agriculteurs qui a été certifié HVE par Ocacia dans le cadre d’Eco-Phyt’, en janvier 2021.

2Se lancer seul ou avec un prestataire

Faire le choix pour un négociant ou une coopérative d’accompagner les agriculteurs dans la certification environnementale constitue un investissement, surtout en temps et en compétence. Le distributeur peut s’engager seul ou s’appuyer sur un prestataire spécialisé. Les négociants associés à Eco-Phyt’ se sont appuyés sur un consultant de Terrenvue. « Notre prestataire réalise les diagnostics HVE sur les exploitations, construit les plans d’action individuels, suit les indicateurs de performances et anime le groupe », précise Philippe Touchais, du Groupe Carré. C’est un organisme de certification, Ocacia, qui assure ensuite celle-ci.

3Assurer les audits

La démarche collective diminue aussi le nombre d’audits réalisés par l’organisme de certification. « L’organisme certificateur vérifie que la coop ou le négoce a la capacité d’encadrer un groupe d’agriculteurs, dispose des outils pour effectuer les diagnostics et le calcul des indicateurs, et a les compétences pour réaliser des audits, explique Fabien Zedde, d’Ocacia. Si c’est le cas, il lui remet une attestation de « structure cadre collective » et lui délègue la réalisation des audits des exploitations. C’est ce qui s’est passé avec Eco-Phyt’. » Ocacia a ensuite effectué des audits de contrôle chez quelques agriculteurs pris au hasard. « Le nombre d’exploitations que nous auditons doit correspondre à la racine carrée du nombre total d’exploitations auditées par la structure cadre collective, précise-t-il. Pour la HVE, nous avons audité 5 agriculteurs sur les 23 effectués par Eco-Phyt’. » Le coût de la certification revient aussi moins cher pour l’agriculteur que les 900 à 1 000 € qu’il aurait dû débourser pour une démarche individuelle.

4Former les conseillers

« Même si la certification HVE est confiée à un collaborateur ou une équipe spécifique au sein du négoce ou de la coop, il est essentiel que les conseillers ou TC y soient aussi formés, ajoute Laurent Brault. Le conseiller qui est habituellement en relation avec l’agriculteur doit disposer des clés de la HVE pour lui apporter le conseil le plus judicieux. » La certification exige aussi une veille permanente, car c’est une démarche qui s’adapte régulièrement. Récemment, la CNCE, Commission nationale de la certification environnementale, a par exemple supprimé, dans le calcul des points de certification, le malus attribué aux maïs, tournesol et prairies temporaires selon la part qu’ils occupent dans la SAU, et réintégré le maïs dans le calcul de l’IFT hors herbicides.

5Ouvrir la porte à une valorisation

« Il est aussi important de trouver une valorisation à la HVE pour nos clients agriculteurs qui ont fait l’effort de l’obtenir, reconnaît Philippe Touchais. Nous y réfléchissons avec des meuniers localement, et avec les partenaires filières d’Eco-Phyt’ comme McCain, Tereos ou Bonduelle. Nous travaillons aussi sur des valorisations crédit carbone ou biodiversité. »

Blandine Cailliez

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